La Watchtower aime bien dénoncer les abus et les méthodes de la religion catholique il y a des siècles de cela. Notez la déclaration de la Tour de Garde du 15 mai 1986 page 25:
"De révoltantes atrocités"
"Par conséquent, l'histoire de l'Église sous l'influence de Constantin devient maintenant celle des luttes violentes qui allaient forcément suivre ses sommations brusques et dures destinées à faire l'unanimité.
C'est de lui que l'Église tient son esprit; autoritaire et dogmatique, sa tendance à créer une organisation centralisée, parallèle à celle de l'Empire romain."
L'accusation d'hérésie s'est révélée être une méthode impitoyable pour éliminer les opposants qui osaient défier les conciles de la chrétienté.
Quiconque exprimait des opinions différentes ou même tentait de présenter des preuves tirées des Écritures pour réfuter les dogmes et les canons (les lois de l'Église) des conciles était noté d'hérésie.
La détermination à supprimer l'opposition a ouvert la voie à d'épouvantables atrocités. La plupart de ceux qu'on jugeait coupables d'hérésie contre le dogme d'un concile étaient brûlés sur le bûcher; on les laissait agoniser lentement en public, soi-disant au nom du Christ! "

Mais notez comment elle utilise de nos jours exactement les mêmes techniques, hormis le bûcher puisque selon elle les exclus sont voués à la destruction éternelle.
Concernant l’évolution du traitement des apostats par la Watchtower voici un résumé du numéro de janvier/février 1987 du Bethel Ministries Newsletter.

" La Société Watchtower n’a pas toujours eu une attitude aussi légaliste. Tout comme au sein de nombreux mouvements religieux, il y avait abondance de grâce au début. Mais à mesure que ce mouvement s’est structuré, les règles et les codes de conduite prirent la place de la grâce et de la miséricorde. Notez ce que disait La Tour de Garde il y a plusieurs décennies:"Nous ne refuserions pas de traiter quelqu’un comme un frère parce qu’il ne croirait pas que la Société est le canal de communication du Seigneur. […] Si d’autres voient les choses différemment, c’est leur privilège. Il doit y avoir une totale liberté de conscience." — La Tour de Garde (éd. angl.), 1er avril 1920, pp. 100, 101.
Il n’a pas fallu longtemps, pourtant, pour que les "persécutés" deviennent persécuteurs.
Vers 1930, ceux qui étaient en désaccord avec le président Rutherford furent qualifiés de " mauvais esclaves " et mis dans la même classe que l’" homme de la perdition ", destinés à être détruits (La Tour de Garde [éd. angl.], 1930, pp. 275-281).
Le livre Une organisation pour prêcher le royaume et faire des disciples, publié en 1972, préconisait pourtant d’exclure toute personne qui se retirait de la Société Watchtower, quelle qu’en soit la raison.

Comme la fin du monde n’avait pas eu lieu en 1975, et avec les secousses que connut le siège mondial en 1980, ceux qui avaient été exclus ou s’étaient retirés volontairement furent traités plus durement à partir de 1981.
En dépit de l’interdiction, pourtant, certains Témoins exprimaient leur mécontentement ou leur désaccord vis-à-vis de la Société Watchtower.
De plus en plus d’entre eux étaient victimes d’une " chasse aux sorcières " là où ceux qui étaient suspectés d’être des dissidents étaient interrogés pour savoir s’ils croyaient toujours que la Société était le " canal de communication de Dieu ".
La plupart de ceux qui étaient interrogés étaient automatiquement exclus, souvent lors de réunions secrètes et sans avoir pu bénéficier d’un procès équitable.
C’est ainsi que le bruit commença à circuler que tout n’allait pas pour le mieux avec la doctrine de la Société Watchtower.
Le problème prit spécialement de l’ampleur dans les familles où un dissident pouvait parler aux autres membres tout en restant caché des anciens.

La Tour de Garde du 15 décembre 1984, dans un effort pour empêcher les Témoins d’en apprendre trop, plantait ce dard supplémentaire :
" Nous avons été avertis qu’il y aurait des apostats et des gens dont le seul désir serait de se faire chatouiller les oreilles. Les instructions renfermées en II Jean 9-11, en I Corinthiens 5:11-13 et en II Timothée 3:5 ne nous permettent pas de frayer avec ceux qui abandonnent le vrai culte. Il ne conviendrait pas non plus que nous achetions ou que nous lisions leurs écrits. " (p. 19)
Il était devenu évident que de plus en plus de personnes remettaient encore en question les enseignements de la Société Watchtower, lisaient des ouvrages qui étalaient son passé ou discutaient avec des parents exclus.
En conséquence, dans La Tour de Garde du 15 juillet 1985, le Collège central appliquait le commandement contenu en 2 Jean 10 (contre les antichrists) à ceux qui s’étaient retirés. Il n’est absolument pas fait mention du contexte de ce passage (le verset 7 dit qu’il s’agit de ceux qui nient le Christ comme venant dans la chair).
Mais quelques Témoins continuaient à entretenir des doutes et en parlaient en privé.
En novembre 1985, La Tour de Garde avertit ses lecteurs contre le fait de " participer aux péchés d’autrui ". Comment cela ? En ne rapportant pas aux anciens les " transgressions " commises par un frère ou une sœur. Étant donné que le fait de ne pas être d’accord avec la Société Watchtower constitue une " transgression ", les Témoins sont encouragés à parler de leurs amis ou parents qui n’accepteraient pas intégralement la doctrine de la Société. Dans le cas contraire, ils participeraient aux péchés des " apostats ". — La Tour de Garde du 15 novembre 1985, pp. 19, 20.

Le Collège central soutient que ceux qui rejettent l’un quelconque des enseignements de la ‘ mère ’ organisation sont des ‘ apostats ’ par rapport à la véritable foi chrétienne.
La Tour de Garde du 15 mars 1986 contient même une aide visuelle, montrant la photographie d’un Témoin en train de jeter une publication ‘ apostate ’ dès qu’elle a été déposée dans sa boite aux lettres. Nous lisons : Et vous, que feriez-vous si vous entriez en contact avec les idées d’un apostat, avec des raisonnements perfides visant à vous convaincre que les croyances des Témoins de Jéhovah sont fausses ? Par exemple, quelle serait votre réaction si, en ouvrant une lettre qui vous est destinée, vous vous aperceviez aussitôt qu’elle émane de ce genre de personne ? La curiosité vous pousserait-elle à la lire, ne serait-ce que pour savoir de quoi elle parle ? Peut-être vous diriez-vous : ‘ Je ne risque rien. Je suis suffisamment fort dans la vérité. Et de toute façon, nous n’avons rien à craindre si nous possédons la vérité. Celle-ci sortira victorieuse de l’épreuve. ’ Pour avoir raisonné de la sorte, certains ont nourri leur esprit de pensées erronées, et ils se sont mis à douter sérieusement. " (p. 12)
Aussi, soyons tous pleinement résolus à ne toucher sous aucun prétexte au poison que les apostats veulent nous faire absorber. " (p. 20)

Le Collège central entretient dans l’esprit de ses disciples une crainte abjecte de tous les dissidents. Ils espèrent ainsi que les Témoins s’enfuiront à la vue de tout ce qui remet leur autorité en question.
Dans La Tour de Garde du 1er avril 1986, ils s’efforcent de justifier leur politique d’exclusion de tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le moindre des enseignements de la Société Watchtower. Ils accusent le clergé de n’avoir aucune autorité parce que ses membres ne sont pas d’accord sur tous les points de doctrine. Ils citent ensuite Galates 1:8, 9 hors contexte afin de " prouver " que les églises enseignent une bonne nouvelle différente de celle de l’apôtre Paul, ce qui est faux. Ils citent aussi 1 Corinthiens 1:10 pour tenter de " prouver " que l’église primitive n’était pas divisée, mais le contexte de ce verset prouve le contraire, puisque les Corinthiens connaissaient réellement des désaccords. Paul n’a jamais vraiment dit, de toute façon, qu’ils avaient fait disparaître leurs différences. Au contraire, l’église connaissait de nombreuses divisions à propos de problèmes mineurs, selon ce qu’indiquent les trois premiers chapitres de l’Apocalypse. Ils font ensuite une remarque essentielle :
Pour être accepté comme un compagnon agréé des Témoins de Jéhovah, il faut adhérer à l’ensemble des vérités bibliques, y compris aux croyances basées sur les Écritures qui sont spécifiques des Témoins. " (p. 31)

Avec le temps, on peut s’attendre à ce que la Société Watchtower devienne même plus paranoïaque encore au sujet de la remise en question de son autorité ou de sa doctrine, et ce pour deux raisons principales :
1) on dispose d’une quantité d’informations de plus en plus importante qui expose au grand jour leur malhonnêteté intellectuelle.
2) un nombre de plus en plus grand de dissidents s’exprime ouvertement.

Leur seul recours (en supposant qu’ils veuillent maintenir leur actuelle autorité absolue sur leurs membres) est de rendre plus opaque le " rideau de la Watchtower " entre eux et ceux de leurs membres qui retrouvent leur liberté."