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"Les dangers du lien sectaire"
de Claudine Graziani (PUF)
L'ouvrage propose une thèse intéressante permettant de définir "l'espace sectaire", au delà des croyances c'est "la pratique du croire" qui permet d'identifier la secte 'sectaire'.
Si l'ouvrage se réfère peu aux TJ, les définitions qu'il propose font facilement tomber le masque de la WT.
Par exemple : "Quelle que soit sa doctrine, elle ( la secte ) se caractérise par la religiosité : elle propose à l'homme de le débarrasser
de cet écrasant fardeau qu'est la liberté. ... / ...
La secte 'sectaire', fait de l'Église et de la société les figures du
mal ou de l'erreur. Fondée sur la prétention à détenir les secrets de
l'univers ou les clefs du paradis, elle appelle nécessairement à la désobéissance
civile ou à la fuite. Ses règles, ses usages tiennent lieu de loi. L'idée
même de laïcité lui est intolérable : elle a le monopole de la vérité
le plus souvent confondue avec la connaissance."
Selon l'auteur la spiritualité serait absente de la secte qui favorise
la religiosité. Il propose de différencier religiosité et spiritualité :
"La religiosité est penchant à se confier aveuglément à des
prêts à croire, à savoir ou à penser dans tous les domaines. Elle
implique un manque de confiance en soi et une attente anxieuse. Elle suppose
une difficulté à assumer les limites de la vérité et de l'existence humaine
en général. ... /...
La spiritualité implique toujours une responsabilité et l'acceptation
de la liberté dans une référence à une valeur supérieure. Elle est recherche
de sens et capacité d'invention ou de création. ... / ...
Elle suppose un au-delà de l'intérêt immédiat du sujet et une élaboration
de ses expériences dans l'échange."
Le risque est grand pour celui qui du jour au lendemain est privé des
repères de la religiosité. Le livre conclu sur ce constat douloureux :
"Est sectaire toute communauté fermée au jeu, à l'humour, à l'erreur...
Ce que doit réapprendre celui qui, dessaisi de ses appartenances sectaires,
perdu à lui même, ne sait plus comment s'y prendre."
Je crois que toute la difficulté de l'ex-TJ est de reconquérir cette espace de liberté propre à une véritable spiritualité.
"Dans l'enfer des Témoins de Jehovah" de Dany Bouchard.
1 - Qui sont les TJ, socio-culturellement parlant ?
"Il ne faudrait toutefois pas s'imaginer que les Témoins de Jehovah sont
tous des êtres crédules, voire des imbéciles. On trouve parmi eux des
enseignants, des avocats, des médecins, des administrateurs de société...
des gens intelligents qui, je n'en doute pas, ont senti à un moment ou
à un autre le piège, la perversion de cette course vers la perfection,
vers une position dominante sur ses semblables, vers ce Dieu sur lequel
on se décharge sans cesse de ses responsabilités. Mais ces personnes-là,
à vrai dire, deviennent très vite des anciens, ceci expliquant sans doute
cela." 2 - Le TJ et son image de personnage immaculé.
"Les Témoins de Jehovah veulent donner au reste du monde une
impression de perfection, d'honnêteté, de fraternité, comme une leçon
qu'ils lui jettent à la face. Vu de l'extérieur, ce n'est pas bien difficile,
mais vu de l'intérieur pendant trois décennies ils ne sont pas, en vérité,
bien différents de ce monde qu'ils méprisent. Ils connaissent tout simplement
mieux l'art subtil de la dissimulation."
3 - Plus généralement, qu'est-ce qui fait que tout à coup on sort d'un groupe sectaire ? "
En sortir... C'est difficile... Cela nécessité un grand courage moral
en fin de compte. Plus l'addiction a été longue, plus ce sera dur. Il
faut un déclic pour que les yeux se dessillent, pour voir les choses et
les gens avec un coeur neuf. Cependant, un déclic ne suffit pas ; il procède
d'une longue suite d'observations et d'expériences le plus souvent malheureuses.
Il entraîne un choix douloureux auquel on ne peut procéder du jour au
lendemain : comment admettre que l'on s'est trompé si lourdement et pendant
si longtemps ? Quel sens donner à toutes ces années gâchées ? Cette seule
pensée, qui revient à nier toute son existence, effraie celui qui la porte
et le pousse à la refouler le plus loin possible pour s'accrocher davantage
à tout ce qui fait sa vie depuis si longtemps. Cette situation constitue
souvent une barrière mentale infranchissable..."
Merci à Véronique. |
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